Par Scott Shpak

Du point de vue fiscal, vos retraits du compte d’épargne libre d’impôt (CELI) représentent de l’argent gratuit à dépenser à la retraite.

Les régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER) ont été pendant longtemps l’outil de placement de choix pour bien des Québécois et des Canadiens pour mettre de l’argent de côté pour l’âge d’or. Le REER offre des économies d’impôt immédiates lorsque vous cotisez, ce qui réduit votre revenu imposable, et met vos revenus de placement à l’abri de l’impôt à mesure que vos économies s’accroissent. Le CELI, créé en 2009, fonctionne en sens inverse. Vous ne recevez pas d’allégement fiscal lorsque vous cotisez, mais vos placements croissent à l’abri de l’impôt dans le CELI et vous n’aurez pas d’impôt à payer lorsque vous ferez des retraits.

La beauté de ces régimes est que vous pouvez avoir les deux – si vous êtes en mesure d’y cotiser – mais cela peut être difficile vu les autres contraintes de votre budget. Par contre, la plupart des Québécois et Canadiens n’ont probablement pas les moyens de verser la cotisation maximale aux deux régimes, et le choix entre le REER et le CELI se résume souvent à décider quand payer l’Agence du revenu du Canada : maintenant ou plus tard.

Une indication simple pour choisir lequel de ces deux outils d’épargne utiliser consiste à prendre en considération votre revenu imposable, tant maintenant qu’à la retraite. Si vous gagnez davantage d’argent maintenant que le revenu que vous prévoyez toucher à la retraite, le REER est le meilleur choix pour vous. Si votre revenu professionnel est plus bas que votre revenu prévu en tant que personne retraitée, commencez par cotiser au maximum à un CELI.

« Les REER ne sont plus le meilleur choix pour tout le monde, explique David Somerville, planificateur financier et personnalité de la radio de St. Catharines (Ontario). Si votre revenu est inférieur à 40 000 $, laissez tomber le REER. » M. Somerville mentionne l’effet que les revenus tirés du REER peuvent avoir sur vos prestations de la Sécurité de la vieillesse (SV) et sur le Supplément de revenu garanti (SRG) dans certaines situations : par exemple, si vous planifiez une retraite prospère ou à faible revenu, le revenu du REER peut déclencher la disposition de récupération de vos prestations de la SV ou une récupération du montant de SRG que vous recevez. Cette situation fait du CELI un bon choix, parce qu’il n’a pas d’impact sur le revenu imposable lorsque vous faites un retrait. Si vous gagnez actuellement un revenu élevé mais que vous prévoyez une retraite du niveau de la classe moyenne, le REER demeure la solution gagnante. Malgré tout, « le CELI est le nouveau modèle de placement. Vous n’avez donc pas à toujours suivre l’ancien modèle, celui du REER », ajoute M. Somerville.

Autre facteur à considérer : il existe un large fossé entre la théorie de l’épargne-retraite et la discipline requise pour garder le cap. À cet égard, la souplesse du CELI peut offrir des tentations qui compromettent la sécurité des placements à long terme. Étant donné que les retraits du CELI ne sont pas imposés, il y a moins d’obstacles si vous décidez de vider votre compte avant la retraite.

Bien qu’un REER soit plus rigide par comparaison, vous pouvez déplacer des fonds dans un régime d’accession à la propriété pour acheter une résidence ou dans un régime d’encouragement à l’éducation permanente pour poursuivre vos études, ce qui donne à votre épargne-retraite plus de souplesse sans accroître le montant réel de vos impôts à payer. Cependant, pour tirer pleinement parti des cotisations au REER, le remboursement d’impôt créé par ces cotisations ne doit pas être gaspillé; le CELI peut être l’endroit idéal pour mettre à l’abri ces remboursements (avant que vous ne soyez tenté de les dépenser), ce qui vous permet de tirer pleinement profit des avantages des deux régimes.

Au sujet de l’auteur

Scott Shpak est rédacteur en chef, chroniqueur et photographe de Your Magazines Canada. Il est aussi ingénieur du son et musicien chevronné, de même que directeur de l’exploitation et de projets techniques dans l’industrie de la photographie.